Libres propos (entretien)

CohenCohen est un lycéen malouin qui s’est engagé depuis peu dans l’action politique. D’un enthousiasme communicatif, très actif dans l’organisation des mouvements lycéens qui se sont élevés contre la loi El Khomri, il a adhéré aux Jeunes Communistes. Le Malotru l’a rencontré et s’est entretenu avec lui sur plusieurs sujets de l’actualité locale.

  1. Cohen s’est exprimé sur la mobilisation des jeunes à Saint Malo : « Depuis que « nos grands frères » sesont mobilisés contre le CPE, les choses sont allées en se dégradant. Des syndicats, des mouvements de jeunes ont disparus. Mais depuis quelque temps, les choses changent sur Saint Malo. Nous avons créé l’assemblée générale des jeunes (lycéens, étudiants, jeunes travailleurs) qui permet de mettre en œuvre des actions manifestations, pétitions, mobilisations…
  2. Le blocus du lycée Jacques Cartier le 29 mars a été une action très positive. Au départ on était 200. Nous sommes allés dans tous les lycées de Saint Malo et l’on s’est retrouvé à 400. Le bouche à oreille nous a permis d’être entre 800 et 900 lors de la manifestation du 31 mars qui a regroupé 2000 personnes lycéens, étudiants, salariés, retraités, syndicats. » ...

Un regret cependant : que les assemblées générales ne soient pas plus vivantes, faute d’opposition véritable. Il souhaite plus de diversité dans les prises de parole. Il souligne également la nécessité d’étoffer l’équipe qui prend en charge la coordination des actions. « En tant que représentant des jeunes communistes sur Saint Malo nous sommes un petit effectif et nous souhaitons que d’autres nous rejoignent. La difficulté c’est que les jeunes en général sont relativement dépolitisés. »

Le jeune lycéen revendique une conception  du communisme en rupture avec les références au passé et questionne la présentation qu’en fait l’Éducation Nationale. « Résumée en quelques mots, pour un jeune, l’image qui en est donnée se construit autour de Staline, Goulag, URSS, totalitarisme, culte de la personnalité. Nous ce que nous voulons, c’est la paix, l’égalité, une bonne vie pour tous. On a pensé à agir à partir de tracts chocs comme par exemple un portrait de Staline barré avec la phrase : Le communisme, ce n’est pas lui. »

  1. Interrogé sur la place accordée à Saint Malo aux mouvements de jeunes lors des dernières manifestations, il reconnait que la presse locale leur a accordé une certaine visibilité. Et puis, il y a les « Nuits Debout ». Il s’agit d’en faire un lieu où la prise de parole est libre, sans risque de récupération : «Il ne s’agit pas d’endoctriner les gens pour qu’ils se rallient à notre cause. Mais on est là pour discuter de tout, pour que les gens finissent par s’intéresser et viennent nous voir. » A la différence de ce qui peut se passer dans d’autres villes, on ne sent pas, dit-il « ces petites oppositions, ces petites guéguerres que moi je trouve ridicules. Moi, je souhaite l'unité. A Saint-Malo, par exemple, Osons rassemble le N.P.A et l'ancien Front de Gauche (maintenant, c'est surtout le Pari Communiste sur Saint-Malo)". Cohen analyse la situation du mouvement social sur le plan local et s’inquiète des prochaines échéances électorales. Il s’exprime avec conviction et enthousiasme : « J’ai la chance en tant que représentant des jeunes communistes  d’assister à des réunions entre syndicats pour l’organisation des manifestations. Je ne pense pas qu’il y ait récupération. Il y a un mouvement commun pour présenter une alternative visible. La force du Front National c’est d’être relativement uni. Il y a bien sûr des conflits en interne. Ils ont une façon de représenter les choses très lisse. Il y a une direction. Pour nous, 2017 va être une catastrophe  quand on voit le nombre de candidats à la gauche de la gauche... Mais je pense qu’au jour d’aujourd’hui, il faut savoir faire table rase du passé et se réunir. Je ne crois pas que notre combat actuellement puisse être récupéré politiquement. Ce qu’on cherche, c’est créer une union, bien évidemment au niveau de Saint Malo. Mais après, mon ambition serait que cette union se fasse au niveau national. »

 

  1. L’attitude de la municipalité  fait l’objet de vives critiques de la part de Cohen. Il conteste fortement la façon dont est utilisé le conseil municipal des jeunes : « Depuis le mois de septembre dernier, et jusqu’au mois de juin, ce conseil se penche sur la réalisation d’une sortie scolaire pour des enfants de CM1. On sature. Le conseil est géré par la mairie. On va essayer de mettre la pression en faisant signer des pétitions pour promouvoir des projets importants : par exemple, la gratuité des transports en commun à partir du plan de circulation actuel. Egalement le respect de la réglementation en matière d’affichage libre sur la ville de Saint Malo qui devrait  compter 27 m2 de panneaux et qui en est loin, le nettoyage de la plage des Bas Sablons qui est un désastre écologique et donne une image catastrophique de la ville. On a plein de projets qu’on essaie de faire valoir. »

 

  1. Quand on aborde le sujet de la vente des biens publics, Cohen regrette que l’on n’ait pas senti jusqu’à présent une réaction plus forte de la part des élus de gauche. « La ligne de conduite du maire et de son équipe municipale est très libérale. Quand on voit tous ces groupes qui sont implantés dans l’agglomération, on se dit qu’il devrait y avoir une consultation des malouins sur la vente des biens publics. » Mais il y a, dit-il, des problèmes plus importants : le prix de l’eau, les transports en commun… La santé publique le préoccupe également et  il s’interroge sur la prégnance de certaines pathologies sur la Côte d’Émeraude. Il poursuit : «L’écologie sur Saint Malo devrait être au premier plan des préoccupations. On n’en a pas l’impression parce que l’on vit en bord de mer, mais c’est une ville qui est très polluée : la plage des Bas Sablons, le fait que l’usine de la Timac soit en plein centre-ville. Et du fait de la fréquentation touristique, plus le temps passe, plus on rencontre de bouchons. La gratuité des transports urbains permettrait de diminuer la pollution par les gaz d’échappement en incitant les gens à laisser leur voiture. Y compris pour les agglomérations voisines. Ce que j’aimerais c’est interpeller les maires des petites communes des environs car cela ne peut qu’être positif pour eux. Les sujets sociaux et écologiques sont plus importants que la dilapidation des biens publics. »

 

  1. Concernant la dimension régionale des problématiques malouines, notre interlocuteur reconnaît que son propos est centré d’abord sur Saint Malo. « Il y a des questions sur lesquelles il faut agir maintenant. Il y a plein de choses à faire avec les agglomérations de la région malouine. Mais sur le plan départemental ou régional, je pense qu’il y a des possibilités d’action en commun ». Sur les sujets qui intéressent Saint Malo et ses alentours, son intention est d’essayer de travailler avec les communes périphériques et de se rapprocher d’organisations qui se battent sur des sujets, comme par exemple le prix de l’eau, « qui touchent tout le monde. »