Grèce : Une solidarité en acte à St Malo

Une solidarité en actes à Saint Malo

Ce mardi 17 novembre, une quarantaine de personnes étaient réunies à l’invitation du Collectif Malouin de Soutien au Peuple grec pour échanger avec Bruno Percebois, militant du collectif Solidarité France Grèce pour la Santé et en présence de Pascal Franchet, vice-président du CADTM (comité français pour l’annulation de la dette du Tiers-Monde) et président du collectif Bretagne Grèce Solidarité Santé. Les interventions des orateurs, puis le débat avec la salle ont permis d’apporter un témoignage précis sur la situation sanitaire en Grèce et de préciser des modalités d’action au plan local.

Reunion grece

L’objectif est clairement exprimé par Bruno Percebois : il s’agit à la fois d’expliquer la situation en Grèce et de prolonger l’explication en  construisant concrètement la solidarité avec le peuple grec, solidarité qui doit s’exprimer non seulement par l’envoi d’argent, de médicaments, de matériel médical, mais aussi en tissant des liens humains.

Quelques rappels historiques

Le système de santé grec est de création récente, il date de 1976, après la fin de la dictature des colonels. Il était divisé entre un secteur public quasiment gratuit et un secteur privé. Peu à peu, le système s’est perverti ; on a assisté à une privatisation rampante (parasitisme du secteur privé, corruption…).

Le 1er mémorandum de 2010 a engagé la fermeture de services hospitaliers dans le public, réduit l’accès aux soins, favorisé le secteur privé. Depuis cette date, 6000 médecins ont émigré, ce qui proportionnellement correspondrait en France au départ de 36000 praticiens ; le budget hospitalier a diminué de 40%. Depuis la signature du 3ème mémorandum  une certaine désespérance s’est manifestée devant l’aggravation de la situation. Sur le plan sanitaire notamment, la création de 5000 postes dans le domaine de la santé a été suspendue.*

L’Union Européenne a imposé de limiter les dépenses de santé à 6% du PIB, alors que le PIB est en chute libre du fait de l’austérité instaurée par cette même Union Européenne. La « rationalisation » des caisses de sécurité sociale (regroupement au sein d’un seul organisme des différentes caisses) s’est traduite par une ponction sur leur budget des fonds de remboursement disponibles. 20% des enfants ne sont plus vaccinés. 40% des enfants grecs vivent dans des familles pauvres… Le rapport de l’UNICEF appelé rapport Innocenti révèle la détérioration des conditions de vie des enfants en Grèce (on enregistre le plus fort taux de bébés ayant un faible poids à la naissance par rapport à l’ensemble des pays développés-ndlr-).

Une résistance qui s’est organisée en Grèce

Face à ce délabrement de la situation sanitaire, les grecs sont entrés en résistance. Une cinquantaine de dispensaires sociaux solidaires se sont créés à l’initiative de volontaires (terme préféré à « bénévoles ») : médecins, psychiatres, psychologues, infirmie.è.r.e.s, pharmacien.ne.s travaillant au sein de structures autogérées fonctionnant de façon démocratique en associant les personnels, les patient.e.s et les habitant.e.s du quartier. La moitié de ces centres se situe dans la région d’Athènes qui regroupe la plus grande partie de la population. Les soins sont gratuits. Certains réseaux associent des médecins libéraux qui soignent, gratuitement également, les patients envoyés par les dispensaires.

Un engagement militant des personnels bénévoles

L’action des dispensaires ne se limite pas au seul champ des soins médicaux. Ils sont acteurs dans les mouvements sociaux : manifestations, mouvements démocratiques,… comme la grève générale du 12 novembre dernier en Grèce, très suivie, organisée pour protester contre les réformes demandées par les créanciers d'Athènes en échange d'un nouveau plan d'aide (abaissement des pensions de retraite, report de l'âge du départ à la retraite à 67 ans, ou encore libéralisation du marché de l'énergie). Les dispensaires participent également aux dispositifs de banque alimentaire, au soutien économique sur le plan vestimentaire et au soutien scolaire (préparation aux examens et concours pour les élèves et étudiants sans ressources).

Un gouvernement plutôt bienveillant mais…

Le gouvernement constate un état de fait et laisse les dispensaires occuper « illégalement » des locaux. Il a bien conscience que la population qui a recours aux dispensaires ne pourrait être prise en charge par les hôpitaux publics, et il se pose la question de la reconnaissance officielle de leur existence. Par ailleurs, des stratégies sont envisagées pour leur proposer une aide sur le plan sanitaire mais il pourrait y avoir en contrepartie une invitation à réduire leur engagement militant (association avec des laboratoires par exemple).

L’action de l’association Bretagne Grèce Solidarité Santé

L’association travaille en collaboration avec les 5 collectifs bretons (Brest, Lannion, Morbihan/Lorient, Rennes, Saint Malo) et en liaison avec l’association nationale. Nous avons l’honneur d’être parrainés  par Irène Frachon, du CHU de Brest, connue pour son action visant à faire condamner les laboratoires Servier  dans le scandale du mediator. En Grèce, nous avons établi le contact avec le dispensaire de Peristeri dans la banlieue d’Athènes.

  • La collecte : les premiers contacts avec les pharmaciens sont très encourageants. Plusieurs m3 de matériels divers ont déjà été récupérés. Une liste de médicaments a été établie pour répondre efficacement aux besoins des dispensaires grecs.
  • Le stockage : c’est un problème épineux. Il faut des locaux suffisamment vastes qui soient à la fois sains, sécurisés et proches des zones de collecte.
  • Le transport : on étudie actuellement le mode de transport le moins coûteux (sans doute le container par voie maritime).

On pense également à monter un parrainage entre un dispensaire et une petite ville française.

Dans un autre ordre d’idées, le collectif se propose de valoriser en France l’expérience acquise par ces dispensaires notamment en termes de pratiques alternatives de santé.

Comment agir à Saint Malo

L’organisation se fait progressivement, nous démarrons. Le plus simple et le plus efficace pour réaliser la collecte est le contact interpersonnel. Auparavant, il est indispensable de prendre contact avec le collectif collectifgrece.stmalo@gmail.com pour préciser la façon de procéder et planifier les démarches auprès des  personnes qui seront sollicitées. L’association Bretagne Grèce Solidarité Santé a mis à disposition des collectifs locaux un kit de collecte qui fournit une lettre d’introduction auprès des personnels de santé.

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*Le contenu du 3ème mémorandum (ndlr)

  • nouvelle réduction des pensions,
  • augmentation de la taxation pour les agriculteurs  
  • suppression progressive des réductions de taux de TVA pour les commerces et entreprises des Îles de la mer Égée d’ici le 31 décembre 2016,
  • facilitation des procédures de saisie-arrêt en faveur des autorités en charge de la collecte des impôts et des banques. Cette mesure entrera en application par l’élimination du plafond de 25% sur les saisies sur salaires et retraites et l’abaissement de tous les seuils de 1500 euros,
  • augmentation du paiement anticipé des impôts sur les sociétés non seulement pour les grandes entreprises mais également pour les indépendants,
  • imposition d’une nouvelle vague de libéralisation (dont le marché de l’énergie)

Dette