La transition ou l’envol des oiseaux noirs

« On ne peut empêcher les oiseaux noirs de voler au-dessus de nos têtes, mais on peut les empêcher d’y faire leur nid ». (proverbe chinois)
On l’a constaté le 13 novembre dernier à Paramé, lors de la Journée de la Transition qui a rassemblé une quinzaine d’associations (et fait suite à une conférence d'Attac sur le même thème, et qui a donné lieu à un article ici-même).L’avenir existe, il est jeune, convivial et  déborde d’enthousiasme et d’imagination. Alors que...

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... les pouvoirs en place s’acharnent désespérément à user du défibrillateur pour sauver un système économique à l’agonie, à bricoler les marchés pour appareiller les banques, à médicaliser à outrance de grands projets archaïques, derniers avatars d’une dégénérescence des facultés cognitives de décideurs vieillissants, cette journée de la transition inscrit dans le paysage de notre région une toute autre perspective. Ouvert, jubilatoire et inventif, cet évènement révèle, au travers de rencontres, l’existence d’un autre monde possible, encore balbutiant, certes, mais balbutiant à l’image de ces enfants qui constellaient la journée de l’étincelle de leurs regards. Car des enfants, oui, il y en avait. Des jeunes aussi, des un peu moins jeunes, des visiteurs surpris, curieux, intrigués, ravis ou dubitatifs. Des rencontres improbables et des synergies à l’œuvre. Un monde fort des convictions d’acteurs pour lesquels projet de vie et projet de société sont indissolublement liés… Quel bonheur de découvrir sous la doxa du chacun pour soi et de la marchandisation effrénée du monde, du saccage de la nature, de la déconstruction des rapports sociaux au profit de la concurrence « libre et non faussée », qu’il existe ici, chez nous, en Côte d’Émeraude, comme un univers parallèle accueillant  des amoureux de cette planète qui nous a accueillis, et qui font le choix d’un avenir ouvert au bonheur de tous. Tandis que des pans entiers du bien public sont aujourd’hui, chez nous comme ailleurs, dilapidés  au bénéfice des égoïsmes et des appétits de quelques-uns, des mots ont sonné comme pour couvrir les sirènes lugubres de l’individualisme et du profit : partage, confiance, gratuité, respect de l’autre, bienveillance.

Imgp1479« La meilleure façon de ne pas avancer est de suivre une idée fixe » disait Prévert. Et c’est ainsi que l’ont vécu les participant.e.s à cette journée qui se sont fait connaître, et qui ont aussi appris à se connaître.  Les arguments donnés plutôt que les idées reçues, la diversité agissante plutôt que la sclérose du modèle unique, la richesse de la réflexion plutôt que l’indigence des affirmations infondées. Ce qui est né ce dimanche n’a pas encore de nom, la forme en est imprécise, mais déjà engage notre avenir. Ce n’est pas autre chose qu’un moment d’une histoire commune en train de s’écrire implicitement à d’innombrables mains, et dont les racines plongent dans les expériences et les réalisations des un.e.s et des autres. Comment, en effet, expliquer autrement ce qui rassemble des acteurs d’une telle diversité*, se côtoyant parfois sans se connaître,  au sein d’une dynamique bizarre aux allures de  démocratie directe ? Alors oui, cette journée qui résonne encore dans nos têtes du brouhaha intense des échanges et des débats, ne peut que nous convaincre d’œuvrer sur le long terme, avec optimisme et pugnacité, pour un autre monde plus humain, plus juste et plus généreux.

* 6j’ose, A vélo Malo, les Amap de la région, Artisans du monde, Attac, Carentez, École Expérimentale Rance-Émeraude, Incroyables comestibles, L 214, Mon ptit pote, Pacte Civique, TerraFerma Onyva, Vidéo pour tous. Café offert par MokaMalo et biscuits par la Coop bio. Musique trad par Sona et La note buissonnière.