Les inégalités de salaires entre hommes et femmes en Bretagne

Plus diplômées que les hommes, les femmes perçoivent des salaires moins élevés

L’INSEE de Bretagne vient de publier le 8 mars 2021 une étude sur les salaires féminins qui pointe comme d’habitude les inégalités salariales avec leur collègues masculins. L’écart moyen de salaires est de l’ordre du quart, soit légèrement supérieur à celui enregistré sur le territoire national dans son ensemble (autour de 20 % dans le privé).

C’est ainsi que, si la société bretonne est globalement plus homogène que la société française, ce qui devrait tendre à réduire l’écart, elle s’en distingue par des facteurs structurels (âge, diversité des emplois et des secteurs professionnels) qui au contraire l’accroissent un peu.

Très classiquement, ces écarts constatés, qui ne se réduisent que très lentement, s’expliquent essentiellement par des éléments de structure sociale, et non par des préjugés ou par une quelconque volonté d’ordre individuel, qui existent aussi évidemment mais sont moins pertinents à l’échelle collective dans notre société. Les principaux facteurs sont les suivants :

  • Les inégalités liées à l’âge (et l’espérance de vie) qui se traduisent par une proportion importante de femmes âgées, veuves (et donc seules), avec des revenus plus faibles.
  • La répartition entre les secteurs d’activité économiques, qui diffère fortement selon les sexes (les hommes vont plutôt dans l’agriculture et l’industrie alors que les femmes sont majoritaires dans les activités tertiaires sociales (santé, éducation, administration publique et action sociale) qui sont plus déconsidérées et moins rémunérées. Il s’agit là d’une répartition ancienne des rôles sexuels qui est liée aux traditions et aux valeurs de la société… même si cela évolue.
  • Les inégalités de carrière, qui sont plus fortes pour les femmes pour diverses raisons (corporatisme, politiques d’emploi maison, effet des maternités, diversité des rapports de force internes à l’entreprise, etc.).
  • Les différences de statuts salariaux. Les femmes sont plus souvent exposées au chômage partiel, aux emplois précaires, et surtout aux CDD qui expliquent en grande part des carrières incomplètes et moins rémunérées.
  • L’accès aux fonctions de cadre qui en découle révèle aussi des comportement professionnels liés à des facteurs culturels anciens. Les motivations sociales sont en partie héritées.
  • Le rôle du marché du travail, qui est aujourd’hui plus rigide, ne facilite pas la mobilité sociale. Il est plus difficile de passer d’un secteur à l’autre.
  • Le rôle de l’éducation est contradictoire, car les femmes sont plus diplômées (comme dans la moyenne nationale), mais dans des domaines moins technologiques que les hommes, et moins rémunérateurs. Incidemment, on constate encore une fois que le diplôme ne fait pas l’emploi et que l’éducation n’est pas nécessairement un ascenseur social…
  • La mention des entreprises individuelles est un peu étonnante et paradoxale, car il ne s’agit pas de salaires, mais de revenus de la propriété, qui sont très faibles et aléatoires au départ, et conduisent souvent à une sélection ultérieure impitoyable. En fait, les secteurs concernés sont les mêmes que dans un régime salarié, ce qui relève de choix socio-culturels profonds.
  • En revanche, la fonction publique sert de contre-exemple, puisque les salaires sont déterminés indépendamment du sexe, du fait du rôle protecteur du statut public. C’est en principe le grade, la fonction et l’ancienneté qui seuls comptent. Néanmoins, il existe un écart moyen, de l’ordre de 9 % au niveau national qui s’explique également par des différences de structure : diversité des 3 fonctions publiques (Etat, SS et territoriale), différences marquées des emplois selon les services (% de cadres ou secrétaires), carrières inégales (faible promotion) et aussi le rôle des « grands corps » (ENA, Polytechnique, Centrale, etc.) dont le corporatisme bloque l’ascenseur social… L’égalité absolue n’existe que dans un corps homogène et statique.

Au total, l’image reste encore classique, mais la société bretonne tend à évoluer rapidement et il se pourrait qu’elle se démarque plus de la moyenne nationale à l’avenir.

Note INSEE sur les inégalités de salaires homme/femmesNote INSEE sur les inégalités de salaires homme/femmes (1.75 Mo)